Éleuthère

Olivier Sedeyn Yoga, Chant, Vers la Sagesse

Sur le « découragement »

Le découragement

            Il arrive, pendant une séance de yoga, ou après, que l’on soit découragé. A quoi ça sert de faire travailler son corps ? Je suis trop vieux. Je suis trop raide. Je suis trop coincé. Je n’y arrive pas. Je n’y arriverai pas. Je n’y arriverai jamais. 

            Je vous propose quelques réflexions à ce sujet. 

            D’abord, se rappeler que le but du yoga n’est pas de parvenir à un état idéal, ou à tout état que l’on pourrait se représenter. Il s’agit d’être attentif à son corps, à ses limites actuelles, et d’utiliser les postures pour explorer son propre corps et, ainsi, en y portant une attention constante, de se recueillir, de se concentrer. C’est donc un travail à la fois physique et mental. 

            Ensuite, se rappeler que, justement parce qu’il ne s’agit pas d’atteindre je-ne-sais-quelle performance, lorsque je rencontre des difficultés dans une posture, je ne dois ni forcer, ni abandonner. Je dois au contraire redoubler d’attention. Je ne dois pas forcer, mais revenir, dans la posture, au seuil de la douleur, et surtout, toujours, observer, examiner ce que je ressens, et aussi les émotions qui me viennent, les pensées qui me viennent. Rester concentré. Face à toute chose, l’habitude consiste à réagird’une certaine manière, la nouvelle attitude, l’attitude intelligente, consiste à observerimpartialement ce qui se passe en moi ; il sera plus facile ensuite de répondreadéquatement à la situation. Facile à dire, je sais. Mais ça n’empêche pas de faire de son mieux. Et chaque petit pas nous fait avancer, alors que le discours intérieur qui nous dit « arrête ! » ne nous fera certainement pas avancer. 

Il ne faut donc pas forcer. Jamais forcer. Toujours être calme et observer avec bienveillance. 

Et je ne dois pas non plus abandonner la posture. Vous savez peut-être déjà que si vous faites une posture mentalement, c’est-à-dire si vous vous représentez mentalement vous-même en train de faire la posture, vous exercez votre corps lui-même. Oui, le seul fait de vous représenter précisément, le plus précisément possible, votre corps dans une position sollicite votre cerveau, vos nerfs et vos muscles. Cela fait travailler votre corps. Et bien sûr, cela fait également travailler votre mental. 

            Et puis, sachez que rien n’est perdu, aucun effort n’est jamais perdu. Et lorsque nous savons que nous avons fait notre possible, « de notre mieux », notre être s’en trouve profondément apaisé. Nous avons fait ce que nous pouvons — si nous l’avons vraiment fait !

            Le découragement est donc un piège de notre mental trompeur, qui travaille constamment à nous diviser intérieurement. Et puis, voyons donc, quel est le contraire du découragement ? Le « couragement », l’encourage­ment, le devenir courageux. Et le contraire du courage, c’est la lâcheté. 

            Si vous vous découragez — et cela nous arrive à tous, ou nous en avons tous connu la tentation et nous y avons tous succombé un jour ou l’autre —, vous devenez lâches. Soyez courageux.

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