Éleuthère

Olivier Sedeyn Yoga, Chant, Vers la Sagesse

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Éleuthère?

Éleuthère est un lieu, une maison, un jardin, deux corps de ferme, en pleine « Suisse Normande », sur une hauteur, non loin des bords de l’Orne, dans un horizon de collines ponctuées de clochers, de champs labourés et de prairies. Dans ce cadre naturel somptueux et paisible, où les horizons sont de tous côtés ouverts, un centre de formation humaine, de culture de la liberté, s’est ouvert, il y a déjà quelques années. Nous nous y efforçons de cultiver à la fois l’équilibre et la con­nais­san­ce attentive et soigneuse du corps, l’intelligence et la tradition philosophique, artistique et spirituelle occidentale et orientale en vue de l’ouverture en soi, de l’ouverture à ce « soi » que l’on est sans le connaître et sans pouvoir le « prendre », mais que l’on peut « accueillir ». Et nous souhaitons travailler, dans la douceur et la joie, à l’accueillir.

Il y a là un désir sans limites de comprendre et de vivre, pleinement, dans le refus conscient des facilités du temps. Un lieu d’école, au sens premier du terme, qui signifie le loisir que l’on s’octroie pour grandir et se former, pour devenir des hommes et des femmes au sens le plus puissant, le plus profond et le plus vrai. Sans pour autant refuser les techniques utiles, mais dans la vigilance et l’attention à la rencontre vraie, sensible, c’est-à-dire physique et « métaphysique », de l’autre, dans les échanges et les partages entre personnes, et dans l’appréhension des grands livres de la tradition qui sont pour nous de vrais et de grands amis, de grands maîtres. Des livres à ouvrir, à laisser parler, à écouter, à partager comme on partage les bonnes choses, la bonne chère et les bons moments.

Eleuthère est un mot d’origine grecque qui signifie « liberté » et nous entendons par là la liberté du cœur et de l’âme de celle ou de celui qui a, un peu, avancé sur le chemin de l’ouverture ; la liberté de l’homme qui ne s’en laisse pas compter et qui résiste calmement aux opinions courantes, de quelqu’un à qui « on ne la fait pas » et qui n’est pas pour autant un cynique, ni un hédoniste ; la liberté aussi de l’être qui cherche le vrai, qui le cherche, qui y est ouvert et par suite ne saurait prétendre le posséder, mais qui ne se contente pas de la suffisance des sceptiques dogmatiques qui, sous prétexte de « tolérance », prétendent « savoir » que  l’on « ne peut rien savoir » ou que « chacun a sa vérité ». Alibi de l’inertie et du conformisme.

La liberté est aussi la liberté étrange et proche de l’homme qui a rencon­tré l’absolu ou qui l’a entrevu, expérience d’une douceur singulière et quel­que­fois d’une douleur singulière (O llama de amor viva, que tiernamente hieres…).

Et nous n’oublions pas, la liberté politique, qui est selon Montesquieu, « la liberté de faire ce que les lois permettent », et qui ne va donc pas sans un respect intelligent de la loi, sans un véritable « règne de la loi » qui libère bien plus qu’il n’asservit.

Il est clair pour nous que toutes ces « formes » distinctes de la liberté ne sont pas exclusives l’une de l’autre, même si elles peuvent être en tension les unes avec les autres.

La philosophie, selon ce que dit Socrate dans le Phédon, est « la plus haute musique » (en 61d3). La philosophie et la musique, au sens large de culture des Muses, sont au cœur de la vie d’Éleuthère.

Nous ne séparons pas la culture du corps de la culture de l’esprit, la culture des arts du corps et la culture des arts de l’esprit. Et c’est pourquoi nous pratiquons le yoga, qui, s’il est d’origine orientale, est un instrument merveilleux, et complet en lui-même, de culture du corps et de l’esprit. Le yoga assouplit le corps et élargit le souffle, ce souffle qui est le souffle de la vie et le souffle de l’esprit qui comme on sait envoie son « vent » là « où il veut ». Le pranayama est le yoga du souffle et par la respiration — fondamentale pour le chant — nous pouvons retrouver « la voie du corps », qui est tout sauf une voie exclusivement physique. Le travail sur le corps tel que nous le comprenons et tâchons de le cultiver s’adresse à l’être humain tout entier et il prend l’homme comme il est d’abord toujours : un corps sensible pénétré, traversé par l’esprit.

Toute formation de ce point de vue commence pour nous par l’exercice et la conscience du corps. Ainsi, par le chant, la poésie, la musique, et par les postures et l’attitude du yoga, le corps devient un moyen de développer, d’ouvrir sa conscience, son être. « Yoga » vient du mot sanscrit qui signifie « lien » et qui a donné en français « joug » et signifie le lien maintenu entre l’esprit et le corps, ce lien qui nous libère du vagabondage mental par lequel nos contemporains sont davantage dans leurs têtes que dans leur corps, alors qu’ils ne peuvent être bien dans leur tête que s’ils sont d’abord présents à eux-mêmes dans et par leur corps — c’est ainsi qu’ils sont, comme on dit, « à côté de leurs pompes ». La culture du corps est donc aussi la culture de l’esprit.

Puis vient le chant. L’homme est fait pour chanter, pour chanter ses paroles et pour vibrer son corps et en faire une caisse de résonance et de vibrations délicieuses et formatrices, équilibrantes, développant la rectitude de la posture, l’ampleur du souffle qui purifie le sang, la souplesse intime des muscles, la sensibilité. Et nous aimons chanter. Et nous aimons faire chanter et faire partager les bienfaits du chant.

Toutes ces activités collectives, sous forme de cours hebdomadaires, de stages d’une journée ou plus, impliquent un cheminement dont l’animateur d’Éleuthère a une petite, ou pas si petite, expérience. Et c’est de là qu’il s’offre pour accompagner ceux qui le souhaitent sur leur propre chemin de vie.

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