Éleuthère

Olivier Sedeyn Yoga, Chant, Vers la Sagesse

Sur l’amour et la maturité, le basique et l’essentiel

Une lettre à une amie:

Quelques observations après notre entretien téléphonique. 

En tant qu’animal humain, de quoi avons-nous besoin? Lorsque nous aimons, qu’aimons-nous? Basiquement, nous avons besoin de chaleur humaine, de câlins, de faire l’amour. Et comme nous avons besoin de cela, nous avons besoin de nous attacher celle ou celui qui nous en donne. De là les unions, officielles ou non, de là tous les couples. 

C’est important, c’est basique. Est-ce essentiel? Se poser la question. 

Il est bon de rencontrer l’autre sexe, de partager avec lui, de faire l’amour, le mieux possible, le plus intensément possible. En un sens, c’est une nécessité, c’est équilibrant, cela fait circuler l’énergie, cela fait cesser le manège du mental et bien des souffrances avec lui. Il faudrait donc pouvoir faire l’amour facilement, légèrement, pour le plaisir, comme des animaux qui se rencontrent, s’accouplent et se séparent, mais avec l’intelligence et l’attention d’un être conscient. Qu’est-ce qui empêche de se comporter ainsi? La plupart du temps, des « théories » plus ou moins fumeuses et plus ou moins « morales ». La morale, où faut-il se la mettre !? Amusant de voir notre époque fondamentalement immoraliste d’un côté, implorer l’observance de la morale de l’autre. Un peu comme les homos qui veulent qu’on les respecte, qu’on soit gentil avec eux, qu’on leur donne des droits ! Des droits, des droits ! Un « droit à l’amour », garanti, comme on a, paraît-il, un « droit au logement » ? Ce droit-là, bien « gauche », serait contradictoire à un autre « droit », le droit à la liberté. Mais peut-on avoir « droit » à la liberté? La liberté ne se conquiert-elle pas, toujours, et d’abord à l’intérieur, contre ses propres faiblesses, ses propres refus d’être libre, c’est-à-dire adulte ?

L’essentiel, qui n’est pas le basique : Grandir, devenir plus conscient, moins moutonnier, moins bête, plus riche de son humanité, de sa divinité, de sa force, de sa créativité. Devenir le divin que l’on est. Pas cet être dépendant qu’est celui ou celle qui demande. Et qu’y a-t-il de pire, et de plus avilissant qu’une demande d’amour. Je suis amour, qu’ai-je à faire de le demander? Je le donne, je n’ai pas besoin d’en recevoir parce que je sens que j’en reçois. Je suis suffisamment riche pour donner, et mon don est tellement riche qu’inévitablement, j’en reçois. N’en ai-je pas conscience? Je dis alors que l’on ne m’aime pas, que je n’ai pas d’amour. Vérité ou mensonge?

L’essentiel? Grandir, mûrir, refuser toutes les sécurités trompeuses. Et le couple, n’est-ce pas justement une telle sécurité? Ne sentons-nous pas quelquefois lorsque nous nous habituons si agréablement à la présence d’un autre dans notre lit, contre nous, au plaisir que nous avons à nous frotter contre lui, que cela nous endort ? Que cela ternit l’éclat de notre amour ? Que cela nous conforte dans ce que nous sommes déjà, en fermant les yeux et les oreilles à l’appel du dépassement de soi ? L’amour est dépasse­ment de soi, pas confort et réconfort.

J’ai senti tout cela. Je refuse les sécurités. Je n’attends pas qu’on m’aime. L’amour est abondant, en moi et partout, je n’en manquerai jamais. C’est « moi » qui m’enfermerais plutôt dans la pensée qu’on ne m’aime pas. Et cette pensée est mortifère et servile. 

Est-ce que je veux être un esclave? Non, je veux être un maître, non pas d’un autre, ou d’une autre, ou de mille autres, mais de l’esclave qui est en moi, je veux dire ma petite personnalité défensive et défiante. Et je ne veux ne pas me laisser asservir par ses besoins d’esclave. 

Qui parle ici, moi, toi, ou l’être vivant dans l’être humain qui ne veut pas être l’être mort et asservi qui demande, l’être vivant qui ne veut pas se laisser tuer par les conventions et les discours conformistes, bien pensants, gnan-gnan et tristes ? 

Souvenez-vous avec gratitude de ceux et de celles que vous avez aimés.

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